Le protocole de Kyoto: avancées et limites
Signé en 1997 au Japon, le protocole de Kyoto entre en application en février 2005. Originellement en vigueur jusqu’en 2012, il a été reconduit jusqu’en 2020 lors de la Conférence-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques de Doha (COP 18). Retour sur les réalités de ce traité qui constitue en 1997, un grand pas pour les négociations climatiques internationales.
Ratifié par 191 états, le protocole de Kyoto avait à l’origine pour but de réduire les émissions de Gaz à Effets de Serre (GES) d’une quarantaine de pays les plus industrialisés de 5% à l’horizon 2012, en se basant sur les niveaux d’émission de GES en1990.
Il s’inscrit dans la droite ligne du sommet de la Terre de Rio qui, en 1992, avait débouché sur la création de la Conférence-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Il est un élan d’espoir pour de nombreux chercheurs (notamment les membres du Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), écologistes et politiciens qui déploraient jusque-là le manque d’initiatives de l’ONU quant à la question environnementale.
Malheureusement, dès sa signature, le protocole de Kyoto montre certaines limites
Tout d’abord, si la signature du protocole a lieu en 1997, celui-ci n’entre en vigueur qu’en 2005 (principalement en conséquence de lourdeurs dans les conditions d’entrée en application), et a donc originellement une durée de vie quasi-négligeable. De plus, les Etats-Unis signent le protocole mais refusent sa ratification, ôtant de facto au traité un de ses principaux intérêts (les Etats-Unis sont à l’époque le premier pays émetteur de GES).
Plus encore, les conditions d’application du protocole font rapidement montre d’une certaine obsolescence. En effet, le protocole de Kyoto se base sur les degrés d’industrialisation des pays en 1990. Or les pays les plus industrialisés en 1990 ne sont bien évidemment plus les mêmes au tournant du 21ème siècle, et les grands pays émergents (les BICS, le Mexique, l’Indonésie principalement) ne sont pas concernés par les mesures de réduction d’émission de GES. Ceux-ci s’opposent d’ailleurs au cours des années 2000 à tenir des objectifs chiffrés au regard d’une initiative très occidentale, qui s’est décidée sans leur concours.
Enfin, le protocole de Kyoto prévoyait dès sa signature la création de droits d’émissions de GES, échangeables sur une Bourse du Carbone. En fonction de leur niveau d’industrialisation en 1990, les pays disposaient de plus ou moins de « crédits-carbones » pour faire face à leurs besoins industriels. Les entreprises les plus émettrices de GES avaient même la possibilité d’acheter des droits d’émission aux entreprises moins « énergivores ». De ce fait, les pays les plus industrialisés (et donc les plus émetteurs de GES) n’étaient que peu contraints par ce protocole. Et cette sorte d’énergie virtuelle constituant une arme redoutable sur l’échiquier international, c’est logiquement que certains pays (dont la Russie) s’opposeront à une modification ultérieure des termes du traité, prévoyant de réduire les crédits-carbones des pays fortement désindustrialisés depuis 1990.
Jugé dépassé, insuffisant et incomplet, le protocole de Kyoto a de nombreuses fois été l’objet de conférences des Nations-Unies pour le réformer- qui se sont la plupart du temps traduites par des échecs (Copenhague, Durban, Rio +20…). Entravées par des égoïsmes nationaux, les négociations climatiques avancent au ralenti. Néanmoins, la communauté internationale nourrit aujourd’hui l’espoir de les voir décoller d’ici 2015 avec la COP 21 à Paris qui pourrait voir, sous l’égide d’un nouveau couple sino-américain, l’émergence d’un « nouveau Kyoto ».